Chrétiens célèbres de Bourg-la-Reine

Charles Péguy

Notre salle paroissiale lui est dédiée et son nom figure sur les « tables mortuaires » qui se trouvent sur le dernier pilier de droite, en regardant l’autel. Mobilisé dès le début de la première guerre mondiale, le lieutenant Péguy fut tué sur le front, à la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914.

Charles Péguy a résidé à Bourg-la-Reine avec sa famille de l’été 1913 jusqu’à août 1914, au 7 de la rue André-Theuriet.

Il naît à Orléans d’un père menuisier et d’une mère rempailleuse de chaises. Il est très tôt orphelin et c’est sa grand-mère, qui ne savait pas lire, qui l’élève dans un idéal de foi et de piété.

Grâce à des bourses, il peut entrer à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris après avoir fait une partie de ses classes préparatoires au Lycée Lakanal de Sceaux. Il échoue à l’agrégation de philosophie et après son mariage, uniquement civil, (1897), il s’engage dans le journalisme politique. Vers 17 ans, il s’était éloigné de la pratique religieuse, mais il se dit alors anarchiste et « athée de tous les dieux ». En 1900, il crée les « Cahiers de la quinzaine » qui sont publiés jusqu’à sa mort ; c’est en particulier là qu’il mène son combat pour le capitaine Dreyfus.

Dès les premières années du siècle, il sera marqué par le philosophe Henri Bergson dont il salue l’influence libératrice. Un de ses amis normaliens devenu Bénédictin le portera dans la prière. Avec émerveillement, Charles Péguy retrouvera la foi chrétienne.

A partir de 1905, son œuvre prendra nettement des accents patriotiques et spirituels. Celui qui avait publié en 1897 un drame en trois actes intitulé « Jeanne d’Arc » publiera en 1910 un “Mystère de la charité de Jeanne d’Arc » ! Pour autant il ne reniera pas son passé : son idéal socialiste étant foncièrement d’inspiration évangélique. Il écrira : « l’arbre de la grâce est enraciné profond et plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond. »

Son histoire personnelle vis-à-vis de l’Église fut difficile : n’étant pas marié religieusement, ses enfants n’étant pas baptisés, il ne pouvait pas communier. Il trouva dans la prière un inépuisable trésor et on connaît son goût pour le pèlerinage de Chartres.

Le 15 août 1914, il assistera à la messe de l’Assomption avec ses soldats.

 

Léon Bloy

Fixé depuis 1904 à Montmartre, il prévient un jour ses amis de la sorte : changement d’adresse. M. et Mme Léon Bloy ont l’honneur de vous informer qu’à partir du 15 mai 1911, ils seront domiciliés à Bourg-la-Reine, 3, place Condorcet. On est prié de ne pas encourager les visiteurs inutiles. Le 30 décembre 1915, il écrit : « Je suis sur le point de déménager, pour la dernière fois ; je veux le croire, avant le cimetière ». Au mois de janvier 1916, avec sa femme et ses deux filles, Madeleine et Véronique, il s’installe dans la maison que Péguy a habitée rue André Theuriet. C’est là qu’il rend le dernier soupir le samedi 3 novembre 1917, âgé de 71 ans.

Pendant son séjour ici, il venait chaque matin à la messe dans cette église puis… passait au café.

Il naît à Périgueux d’un père athée et d’une mère très pieuse. Dès sa jeunesse il fait preuve d’un tempérament sombre et absolu.

A 18 ans, il vient à Paris où il sera d’abord commis d’architecte. L’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly le tournera vers la foi chrétienne et l’engagera dans la voie littéraire.

En 1879, il accomplit le pèlerinage de Notre-Dame de la Salette dont le message aura une très grande influence sur lui : son livre « La femme qui pleure » lui sera consacré, et sur son monument funéraire, inauguré en 1925 dans le cimetière de Bourg-la-Reine, la Vierge est ainsi représentée.

Sa quête d’absolu le conduira un temps au monastère de la Trappe.

A partir de 1883, il collabore au Chat Noir qui est à la fois un cabaret parisien et un journal satirique. Il s’y montre un habile pamphlétaire et exprime son « catholicisme absolu ».

Il écrit un temps dans le Figaro et publie en particulier un roman pour une part autobiographique « Le désespéré ».

La difficulté de son caractère, l’intransigeance de ses prises de position le laissent à l’écart et il est dans le dénuement.

En 1890, il épouse la fille d’un écrivain danois, Jeanne Molbech ; il en aura quatre enfants dont deux fils André et Pierre qui mourront en bas âge. Seuls de généreux amis l’aidèrent à vivre.

En 1892, son roman « La femme pauvre » se termine par cette phrase : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints ».

Le ton tragique ou caustique (il s’est lui-même donné le titre « d’entrepreneur de démolitions »), l’intensité de sa foi, telle qu’elle s’exprime dans ses livres, donnent des lecteurs plus nombreux à Léon Bloy. Quelques-uns (comme Jacques et Raïssa Maritain dont il fut le parrain), se convertirent à son contact.

Ses œuvres complètes (une soixantaine de titres) publiées au Mercure de France ne comptent pas moins de quinze volumes. Parmi ses disciples il faut citer Paul Claudel et Georges Bernanos.

Il aura donné dans tous les genres littéraires ; poésie, conte, roman, histoire, chronique, critique, essai, journal intime, pamphlet.

« Je suis tout bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu en l’appelant avec des sanglots par tous les chemins. »

 

Jean de la Fontaine

L’auteur de tant de fables célèbres (1621-1695) fut loin d’être un fervent chrétien bien qu’il eût un temps l’intention d’entrer chez les Oratoriens où il étudia même la théologie. Cependant, alors qu’il était gravement malade, en 1692, il accepta de se convertir sous l’influence de l’abbé François-Aimé Pouget, Oratorien alors vicaire à la paroisse Saint-Roch de Paris.

Il reste qu’au cours d’un voyage de Paris à Limoges qu’il effectua en 1663, il entra dans l’ancienne église de Bourg-la-Reine. Il relate cette visite dans la deuxième des six lettres qu’il envoya à sa femme pour raconter ce voyage ; elle est datée du 30 août. La Fontaine et ses compagnons de route avaient fait une première halte à Clamart et ils vinrent attendre à Bourg-la-Reine le carrosse qui devait les conduire au Port-de-Pilles, sur la Creuse, mais l’attente se prolongea...

Voici ce qu’il écrivit :

« Le dimanche étant arrivé, nous partîmes de grand matin. Madame C. et notre tante nous accompagnèrent jusqu’au Bourg-la-Reine.

Nous y attendîmes près de trois heures ; et pour nous désennuyer, ou pour nous ennuyer davantage (je ne sais pas bien lequel je dois dire), nous ouïmes une messe paroissiale. La procession, l’eau bénite, le prône, rien n’y manquait. De bonne fortune pour nous, le curé était ignorant, et ne prêcha point.

Dieu voulut enfin que le carrosse passât. »

(Œuvres complètes - Collection L’Intégrale - Seuil, Paris, 1965, page 18)