Jubilé de la Miséricorde

Dimanche 13 décembre 2015,  nous avons suivi la lumière de Bethléem et franchi pour la première fois la porte Sainte.

Vous pouvez retrouver les photos prises à cette occasion en cliquant ici.

 


Le 11 avril dernier, le Pape François a proclamé le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, qui durera du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, par ces mots : "L'Eglise vit un désir inépuisable d'offrir la miséricorde, fruit de l'expérimentation de l'infinie miséricorde du Père et de sa force de diffusion" (Eg 24)

 

Durant l’année jubilaire, un calendrier d’événements sera organisé.

Voici les premières dates :

  • Le 8 décembre

- à 10h30 : ouverture de la Porte Sainte de la cathédrale Sainte-Geneviève de Nanterre 

- à 20h30 à Saint-Gilles : veillée mariale : Marie, Mère de la Miséricorde

  • Le 13 décembre à 18h00 : ouverture de la Porte Sainte de Saint Gilles et partage de la lumière de Bethléem (retrouvez dans ce bulletin l'édito du Père Hugues expliquant le choix et le sens de la Porte Sainte)
  • Le 19 décembre : veillée d’Adoration 
  • Le 14 février : la messe autrement et retraite paroissiale animée par le Père Olivier Lebouteux, curé de la paroisse Saint-Saturnin d’Antony.
  • Le 3 avril : dimanche de la Divine Miséricorde, Mgr Michel Aupetit passera la Porte Sainte à Saint-Gilles

Confessions :

  • les vendredis de 18h à 19h
  • les samedis de 17h à 18h.
  • samedi 19 décembre 2015 de 10h à 12h et de 16h à 18h
  • 19 mars 2016 : fête du Pardon

Messe de la Miséricorde :

  • tous les vendredis à 19h.

Suivront ensuite des propositions de retraite, de conférences, des actions concrètes de rencontres interreligieuses et dans la ville ainsi qu’un pèlerinage à Vézelay.

 


 

"Lisons la bulle"

Depuis le 8 décembre 2015, nous sommes entrés dans l’Année sainte du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde.

Le dimanche suivant, à Saint-Gilles, nous avons ouvert la Porte sainte. Le pape François a présenté le sens de ce que nous sommes invités à vivre dans une lettre (aussi appelée bulle d’indiction) intitulée Misericordiae Vultus. Tout au long des prochains mois, sur chaque feuille paroissiale, nous publierons progressivement l’intégralité de cette lettre. Nous souhaitons ainsi permettre à ceux qui le souhaitent de mieux comprendre la démarche jubilaire et ainsi de se sentir invités à s’y associer. En plus des extraits, nous veillerons à proposer des éléments pour faciliter la réflexion et la méditation. En espérant que cette proposition nous permettra de mieux percevoir la Miséricorde de Dieu et de mieux en témoigner.

Père Hugues Morel d’Arleux

 

Misericordiae Vultus,

BULLE D'INDICTION DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE

FRANÇOIS, EVÊQUE DE ROME, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU À CEUX QUI LIRONT CETTE LETTRE GRÂCE, MISÉRICORDE ET PAIX

1. Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ep 2, 4) après avoir révélé son nom à Moïse comme « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6) n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments. Lorsqu’est venue la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), quand tout fut disposé selon son dessein de salut, il envoya son Fils né de la Vierge Marie pour nous révéler de façon définitive son amour. Qui le voit a vu le Père (cf. Jn 14, 9). A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, [1] Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.

2. Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.

3. Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Eglise, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace.

L’Année Sainte s’ouvrira le 8 décembre 2015, solennité de l’Immaculée Conception. Cette fête liturgique montre comment Dieu agit dès le commencement de notre histoire. Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1, 4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne.

En cette fête de l’Immaculée Conception, j’aurai la joie d’ouvrir la Porte Sainte. En cette occasion, ce sera une Porte de la Miséricorde, où quiconque entrera pourra faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. Cette fête liturgique montre comment Dieu agit dès le commencement de notre histoire. Après qu’Adam et Eve eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité demeure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1, 4), pour qu’elle devienne la Mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne.

Le dimanche suivant, troisième de l’Avent, la Porte Sainte sera ouverte dans la cathédrale de Rome, la Basilique Saint Jean de Latran. Ensuite seront ouvertes les Portes Saintes dans les autres Basiliques papales. Ce même dimanche, je désire que dans chaque Eglise particulière, dans la cathédrale qui est l’Eglise-mère pour tous les fidèles, ou bien dans la co-cathédrale ou dans une église d’importance particulière, une Porte de la Miséricorde soit également ouverte pendant toute l’Année Sainte. Au choix de l’Ordinaire du lieu, elle pourra aussi être ouverte dans les Sanctuaires où affluent tant de pèlerins qui, dans ces lieux ont le cœur touché par la grâce et trouvent le chemin de la conversion. Chaque Eglise particulière est donc directement invitée à vivre cette Année Sainte comme un moment extraordinaire de grâce et de renouveau spirituel.

Donc, le Jubilé sera célébré à Rome, de même que dans les Eglises particulières, comme signe visible de la communion de toute l’Eglise.

4. « J’ai choisi la date du 8 décembre pour la signification qu’elle revêt dans l’histoire récente de l’Eglise. Ainsi, j’ouvrirai la Porte Sainte pour le cinquantième anniversaire de la conclusion du Concile œcuménique Vatican II. L’Eglise ressent le besoin de garder vivant cet événement. C’est pour elle que commençait alors une nouvelle étape de son histoire. Les Pères du Concile avaient perçu vivement, tel un souffle de l’Esprit, qu’il fallait parler de Dieu aux hommes de leur temps de façon plus compréhensible. Les murailles qui avaient trop longtemps enfermé l’Eglise comme dans une citadelle ayant été abattues, le temps était venu d’annoncer l’Evangile de façon renouvelée. Etape nouvelle pour l’évangélisation de toujours. Engagement nouveau de tous les chrétiens à témoigner avec plus d’enthousiasme et de conviction de leur foi. L’Eglise se sentait responsable d’être dans le monde le signe vivant de l’amour du Père.

Les paroles riches de sens que saint Jean XXIII a prononcées à l’ouverture du Concile pour montrer le chemin à parcourir reviennent en mémoire: « Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité …

L’Eglise catholique, en brandissant le flambeau de la vérité religieuse, veut se montrer la mère très aimante de tous, bienveillante, patiente, pleine d’indulgence et de bonté à l’égard de ses fils séparés ». Dans la même perspective, lors de la conclusion du Concile, le bienheureux Paul VI s’exprimait ainsi : « Nous voulons plutôt souligner que la règle de notre Concile a été avant tout la charité …

La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile…. Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y eut que rappel, respect et amour. Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies… toute cette richesse doctrinale ne vise qu’à une chose : servir l’homme. Il s’agit, bien entendu, de tout homme, quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins ».

Animé par des sentiments de gratitude pour tout ce que l’Eglise a reçu, et conscient de la responsabilité qui est la nôtre, nous passerons la Porte Sainte sûrs d’être accompagnés par la force du Seigneur Ressuscité qui continue de soutenir notre pèlerinage. Que l’Esprit Saint qui guide les pas des croyants pour coopérer à l’œuvre du salut apporté par le Christ, conduise et soutienne le Peuple de Dieu pour l’aider à contempler le visage de la miséricorde.»

Proposition de questions :

Comment garder vivant aujourd'hui l'enseignement du Concile Vatican II ? Le texte Lumen Gentium met l'accent sur l'égalité entre les membres de l'Eglise (Chap. 2 §9) et sur l'importance de la participation dans le monde du peuple de Dieu par le témoignage de sa foi (Chap. 2 §12).

Comment puis-je concrètement répondre à cette invitation en tant que croyant et en tant que citoyen ?

L'Église a vocation à "servir l'homme (...) quels que soient sa condition, sa misère et ses besoins". Le pape François nous invite à vivre ce message porté par le Concile Vatican II et à le poursuivre à travers une nouvelle forme d'évangélisation.

Comment pouvons-nous nous manifester comme signe vivant de l'amour du Père ? Puis-je y parvenir seul ? Comment puis-je m'appuyer sur l'Évangile, la tradition et le magistère pour incarner ce message de confiance, de charité et d'amour pour moi-même et pour les autres ?

Que signifie pour moi l'invitation à nous rendre aux périphéries du pape François ? Est-ce participer à une action concrète ? Porter une intention dans la prière ? Me manifester par de l'écoute, une présence renouvelée, un regard ?

Enfin laissons-nous accueillir par la parole du Pape : "nous passerons la Porte Sainte sûrs d’être accompagnés par la force du Seigneur Ressuscité qui continue de soutenir notre pèlerinage.

5. C’est le 20 novembre 2016, en la solennité liturgique du Christ, Roi de l’Univers, que sera conclue l’Année jubilaire. En refermant la Porte Sainte ce jour-là, nous serons animés de sentiments de gratitude et d’action de grâce envers la Sainte Trinité qui nous aura donné de vivre ce temps extraordinaire de grâce. Nous confierons la vie de l’Eglise, l’humanité entière et tout le cosmos à la Seigneurie du Christ, pour qu’il répande sa miséricorde telle la rosée du matin, pour une histoire féconde à construire moyennant l’engagement de tous au service de notre proche avenir. Combien je désire que les années à venir soient comme imprégnées de miséricorde pour aller à la rencontre de chacun en lui offrant la bonté et la tendresse de Dieu! Qu’à tous, croyants ou loin de la foi, puisse parvenir le baume de la miséricorde comme signe du Règne de Dieu déjà présent au milieu de nous.

Propositions de questions :

Afin de mieux nous laisser animer par les grâces de la Sainte Trinité, tentons aujourd'hui de nous mettre à son écoute.

Comment percevoir son souffle dans ma vie ?

Quelles seraient les formes d'un appel ? Comment accompagner mon discernement ?

Ce passage de la Bulle nous propose de nous appuyer sur une réalité concrète : la Miséricorde divine.

Le pape François nous invite à accueillir chacun, croyant ou non.

Comment puis-je à mon tour prendre part à un engagement au service de tous et participer à construire notre proche avenir ?

Est-ce un acte par lequel j'imagine pouvoir servir la société ? Quel groupe ou mouvement pourrait m'aider à m'investir ?

« Eternel est son amour » : c’est le refrain qui revient à chaque verset du Psaume 135 dans le récit de l’histoire de la révélation de Dieu.

En raison de la miséricorde, tous les événements de l’Ancien Testament sont riches d’une grande valeur salvifique. La miséricorde fait de l’histoire de Dieu avec Israël une histoire du salut. Répéter sans cesse : « Eternel est son amour » comme fait le Psaume, semble vouloir briser le cercle de l’espace et du temps pour tout inscrire dans le mystère éternel de l’amour. C’est comme si l’on voulait dire que non seulement dans l’histoire, mais aussi dans l’éternité, l’homme sera toujours sous le regard miséricordieux du Père. Ce n’est pas par hasard que le peuple d’Israël a voulu intégrer ce Psaume, le “grand hallel” comme on l’appelle, dans les fêtes liturgiques les plus importantes. Avant la Passion, Jésus a prié avec ce Psaume de la miséricorde. C’est ce qu’atteste l’évangéliste Matthieu quand il dit qu’« après avoir chanté les Psaumes » (26, 30), Jésus et ses disciples sortirent en direction du Mont des Oliviers. Lorsqu’il instituait l’Eucharistie, mémorial pour toujours de sa Pâque, il établissait symboliquement cet acte suprême de la Révélation dans la lumière de la miséricorde. Sur ce même horizon de la miséricorde, Jésus vivait sa passion et sa mort, conscient du grand mystère d’amour qui s’accomplissait sur la croix. Savoir que Jésus lui-même a prié avec ce Psaume le rend encore plus important pour nous chrétiens, et nous appelle à en faire le refrain de notre prière quotidienne de louange : « Eternel est son amour ».  

Propositions de réflexions :

1. Ce passage de la Bulle nous invite à la transformation sous « l’horizon de la miséricorde ». Comme l’enseigne le P. F. Varillon dans Joie de Vivre, Joie de Croire (Conférences recueillies par Bernard Housset, éditions du Centurion, 1981), nous ne sommes pas des produits finis livrés par notre naissance. En effet, l’Homme est un être en évolution constante. En tant que Chrétiens, nous pensons que grandir, c’est suivre le Christ, témoin de l’humanité parfaite vers laquelle nous essayons de tendre. « Jésus vivait sa passion et sa mort, conscient du grand mystère d’amour qui s’accomplissait sur la croix ». Comment puis-je, durant ce temps de Carême, cheminer auprès de Jésus durant sa passion ? Lever les entraves à mon humanité ? Me révéler, à mon entourage, comme une source d’amour et d’effacement telle que Jésus nous l’a révélée ?

2. Et, pourquoi ne pas, prendre le temps de méditer le Psaume 135 ?  

6. « La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde ». Ces paroles de saint Thomas d’Aquin montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, mais bien l’expression de la toute-puissance de Dieu. C’est pourquoi une des plus antiques collectes de la liturgie nous fait prier ainsi : « Dieu qui donne la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié ». Dieu sera toujours dans l’histoire de l’humanité comme celui qui est présent, proche, prévenant, saint et miséricordieux.

“Patient et miséricordieux”, tel est le binôme qui parcourt l’Ancien Testament pour exprimer la nature de Dieu. Sa miséricorde se manifeste concrètement à l’intérieur de tant d’événements de l’histoire du salut où sa bonté prend le pas sur la punition ou la destruction. D’une façon particulière, les Psaumes font apparaître cette grandeur de l’agir divin : « Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse » (Ps 102, 3-4). D’une façon encore plus explicite, un autre Psaume énonce les signes concrets de la miséricorde : « Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin, il égare les pas du méchant » (145, 7-9). Voici enfin une autre expression du psalmiste : « [Le Seigneur] guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures… Le Seigneur élève les humbles et rabaisse jusqu’à terre les impies » (146, 3.6). En bref, la miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon. 

Propositions de questions :  

A quelques jours de l’entrée en Carême, méditons la Bulle afin de mieux entrer dans notre démarche de conversion personnelle. Nous sommes tous invités à vivre ce temps à travers la prière, l’aumône et le jeûne. Comment puis-je, à l’appui de l’année jubilaire, mieux m’approprier ces 3 piliers ? Jésus déploie devant nous ses œuvres de conversion et les tourne vers les plus fragiles. Comment puis-je, à mon tour, me mettre en marche sur ce chemin de vérité et de don aux autres ? Dieu est plein de confiance et d’amour et l’Évangile selon Saint Marc nous dévoile ce sentiment profond qui nous unit à Dieu : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Osons donc nous laisser accueillir par sa grâce et abreuver à sa source pour vivre ce Carême comme un temps de proximité avec le Père. En chemin vers la Fête du Pardon, laissons-nous regarder par le Christ et expérimentons son amour infini.

Plusieurs passages des Psaumes nous sont proposés pour mieux comprendre la Miséricorde, prenons quelques minutes pour les méditer et nous laisser rejoindre par la Parole de Dieu. 

7. « Eternel est son amour » : c’est le refrain qui revient à chaque verset du Psaume 135 dans le récit de l’histoire de la révélation de Dieu. En raison de la miséricorde, tous les événements de l’Ancien Testament sont riches d’une grande valeur salvifique. La miséricorde fait de l’histoire de Dieu avec Israël une histoire du salut. Répéter sans cesse : « Eternel est son amour » comme fait le Psaume, semble vouloir briser le cercle de l’espace et du temps pour tout inscrire dans le mystère éternel de l’amour. C’est comme si l’on voulait dire que non seulement dans l’histoire, mais aussi dans l’éternité, l’homme sera toujours sous le regard miséricordieux du Père. Ce n’est pas par hasard que le peuple d’Israël a voulu intégrer ce Psaume, le “grand hallel” comme on l’appelle, dans les fêtes liturgiques les plus importantes.

Avant la Passion, Jésus a prié avec ce Psaume de la miséricorde. C’est ce qu’atteste l’évangéliste Matthieu quand il dit qu’« après avoir chanté les Psaumes » (26, 30), Jésus et ses disciples sortirent en direction du Mont des Oliviers. Lorsqu’il instituait l’Eucharistie, mémorial pour toujours de sa Pâque, il établissait symboliquement cet acte suprême de la Révélation dans la lumière de la miséricorde. Sur ce même horizon de la miséricorde, Jésus vivait sa passion et sa mort, conscient du grand mystère d’amour qui s’accomplissait sur la croix. Savoir que Jésus lui-même a prié avec ce Psaume le rend encore plus important pour nous chrétiens, et nous appelle à en faire le refrain de notre prière quotidienne de louange : « Eternel est son amour ».  

Propositions de réflexions :

1. Ce passage de la Bulle nous invite à la transformation sous « l’horizon de la miséricorde ». Comme l’enseigne le P. F. Varillon dans Joie de Vivre, Joie de Croire (Conférences recueillies par Bernard Housset, éditions du Centurion, 1981), nous ne sommes pas des produits finis livrés par notre naissance. En effet, l’Homme est un être en évolution constante. En tant que Chrétiens, nous pensons que grandir, c’est suivre le Christ, témoin de l’humanité parfaite vers laquelle nous essayons de tendre.

« Jésus vivait sa passion et sa mort, conscient du grand mystère d’amour qui s’accomplissait sur la croix ». Comment puis-je, durant ce temps de Carême, cheminer auprès de Jésus durant sa passion ? Lever les entraves à mon humanité ? Me révéler, à mon entourage, comme une source d’amour et d’effacement telle que Jésus nous l’a révélée ?

2. Et, pourquoi ne pas, prendre le temps de méditer le Psaume 135 ? 

8. Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Ecriture : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16). Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. Les relations avec les personnes qui s’approchent de lui ont quelque chose d’unique et de singulier. Les signes qu’il accomplit, surtout envers les pécheurs, les pauvres, les exclus, les malades et les souffrants, sont marqués par la miséricorde. Tout en Lui parle de miséricorde. Rien en Lui ne manque de compassion.

Face à la multitude qui le suivait, Jésus, voyant qu’ils étaient fatigués et épuisés, égarés et sans berger, éprouva au plus profond de son cœur, une grande compassion pour eux (cf. Mt 9, 36). En raison de cet amour de compassion, il guérit les malades qu’on lui présentait (cf. Mt 14, 14), et il rassasia une grande foule avec peu de pains et de poissons (cf. Mt 15, 37). Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses interlocuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds. Lorsqu’il rencontra la veuve de Naïm qui emmenait son fils unique au tombeau, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc 7, 15).

Après avoir libéré le possédé de Gerasa, il lui donna cette mission : « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Mc 5, 19). L’appel de Matthieu est lui aussi inscrit sur l’horizon de la miséricorde. Passant devant le comptoir des impôts, Jésus regarda Matthieu dans les yeux. C’était un regard riche de miséricorde qui pardonnait les péchés de cet homme, et surmontant les résistances des autres disciples, il le choisit, lui, le pécheur et le publicain, pour devenir l’un des Douze. Commentant cette scène de l’Evangile, Saint Bède le Vénérable a écrit que Jésus regarda Matthieu avec un amour miséricordieux, et le choisit : miserando atque eligendo. Cette expression m’a toujours fait impression au point d’en faire ma devise.  

Propositions de réflexions :

1. La lecture progressive de la bulle nous permet d’entrer peu à peu dans le sens du mot « miséricorde ». Ce paragraphe centre notre regard sur Jésus et la Sainte Trinité en nous rappelant que le christianisme est une religion de l’Incarnation. Prenons quelques minutes pour nous imprégner des passages des Ecritures cités et pour nous laisser interpeler par la vie terrestre de Jésus.

2. La Miséricorde est aussi évoquée sous l’angle de la perception des sens, du ressenti. Tentons, nous aussi, de nous mettre à l’écoute de cette expérience. Par exemple en contemplant un tableau : le chef d’œuvre du Caravage La Vocation de Saint Matthieu semble tout indiqué pour appuyer notre lecture…

3. « miserando atque eligendo ». La devise du Pape est tirée des Homélies de Saint Bède le Vénérable. Elle peut être traduite ainsi : « Ayant pitié de lui, il l’a choisi ». Elle revêt une signification particulière pour le Saint-Père et le renvoie à un souvenir personnel. À 17 ans, lors d’une confession, Jorge Bergoglio ressent la présence particulière de Dieu auprès de lui et se sent touché par le regard miséricordieux du Père. C’est à partir de ce jour qu’il décide de consacrer sa vie à Dieu. Il choisira cette expression comme programme de sa vie, devise épiscopale et pontificale. Ce souvenir de jeunesse nous invite cette semaine à prier pour les vocations. 

9. Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Nous connaissons ces paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils (cf. Lc 15, 1-32). Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant.

Dans une autre parabole, nous recevons un enseignement pour notre manière de vivre en chrétiens. Interpellé par la question de Pierre lui demandant combien de fois il fallait pardonner, Jésus répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22). Il raconte ensuite la parabole du « débiteur sans pitié ». Appelé par son maître à rendre une somme importante, il le supplie à genoux et le maître lui remet sa dette. Tout de suite après, il rencontre un autre serviteur qui lui devait quelques centimes. Celui-ci le supplia à genoux d’avoir pitié, mais il refusa et le fit emprisonner. Ayant appris la chose, le maître se mit en colère et rappela le serviteur pour lui dire : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » (Mt 18, 33). Et Jésus conclut : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur » (Mt 18, 35).

La parabole est d’un grand enseignement pour chacun de nous. Jésus affirme que la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux. Accueillons donc la demande de l’apôtre : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ». (Ep 4, 26). Écoutons surtout la parole de Jésus qui a établi la miséricorde comme idéal de vie, et comme critère de crédibilité de notre foi : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). C’est la béatitude qui doit susciter notre engagement tout particulier en cette Année Sainte.

Comme on peut le remarquer, la miséricorde est, dans l’Écriture, le mot-clé pour indiquer l’agir de Dieu envers nous. Son amour n’est pas seulement affirmé, mais il est rendu visible et tangible. D’ailleurs, l’amour ne peut jamais être un mot abstrait. Par nature, il est vie concrète : intentions, attitudes, comportements qui se vérifient dans l’agir quotidien. La miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et nous voir heureux, remplis de joie et de paix. L’amour miséricordieux des chrétiens doit être sur la même longueur d’onde. Comme le Père aime, ainsi aiment les enfants. Comme il est miséricordieux, ainsi sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres.  

Propositions de réflexions :

1. Les paragraphes 7 et 9 de la Bulle peuvent être mis en correspondance pour mieux nous nourrir du message du Pape. « Eternel est son amour » (Psaume 135) nous interrogeait sur notre rapport au temps et nous invitait à sortir de nos repères pour nous placer sous le regard d’amour du Père. Le recours aux paraboles nous propose aujourd’hui de repenser notre relation avec Dieu à travers un jeu de miroir. Laissons-nous réfléchir comme son reflet d’amour en méditant les paraboles évoquées.

2. Le paragraphe 8 centrait notre attention sur la vie de Jésus. Le neuvième nous invite à fortifier notre engagement de chrétien en entrant dans un cercle vertueux. Prenons quelques instants, à l’aube de la Semaine Sainte, pour réinterpréter notre quotidien à la lumière des paraboles et amorcer notre « passage – Pessah » vers Pâques.

3. « Le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. » Retenons cette parole comme une invitation à l’accueillir et le partager. 

10. La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Dans son action pastorale, tout devrait être enveloppé de la tendresse par laquelle on s’adresse aux croyants. Dans son annonce et le témoignage qu’elle donne face au monde, rien ne peut être privé de miséricorde. La crédibilité de l’Eglise passe par le chemin de l’amour miséricordieux et de la compassion. L’Eglise « vit un désir inépuisable d’offrir la miséricorde ». [8] Peut- être avons-nous parfois oublié de montrer et de vivre le chemin de la miséricorde. D’une part, la tentation d’exiger toujours et seulement la justice a fait oublier qu’elle n’est qu’un premier pas, nécessaire et indispensable, mais l’Eglise doit aller au-delà pour atteindre un but plus haut et plus significatif. D’autre part, il est triste de voir combien l’expérience du pardon est toujours plus rare dans notre culture. Même le mot semble parfois disparaître. Sans le témoignage du pardon, il n’y a qu’une vie inféconde et stérile, comme si l’on vivait dans un désert. Le temps est venu pour l’Eglise de retrouver la joyeuse annonce du pardon. Il est temps de revenir à l’essentiel pour se charger des faiblesses et des difficultés de nos frères. Le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage pour regarder l’avenir avec espérance.

11. Nous ne pouvons pas oublier le grand enseignement que saint Jean-Paul II nous a donné dans sa deuxième encyclique Dives in misericordia, qui arriva à l’époque de façon inattendue et provoqua beaucoup de surprise en raison du thème abordé. Je voudrais revenir plus particulièrement sur deux expressions. Tout d’abord le saint Pape remarque l’oubli du thème de la miséricorde dans la culture actuelle : « La mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise l’homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu’ici, est devenu maître de la terre qu’il a soumise et dominée (cf. Gn 1, 28). Cette domination de la terre, entendue parfois de façon unilatérale et superficielle, ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde… Et c’est pourquoi, dans la situation actuelle de l’Eglise et du monde, bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi, s’adressent, je dirais quasi spontanément, à la miséricorde de Dieu ». [9] C’est ainsi que saint Jean-Paul II justifiait l’urgence de l’annonce et du témoignage à l’égard de la miséricorde dans le monde contemporain : « Il est dicté par l’amour envers l’homme, envers tout ce qui est humain, et qui, selon l’intuition d’une grande partie des hommes de ce temps, est menacé par un péril immense. Le mystère du Christ … m’a poussé à rappeler dans l’encyclique Redemptor Hominis sa dignité incomparable, m’oblige aussi à proclamer la miséricorde en tant qu’amour miséricordieux de Dieu révélé dans ce mystère. Il me conduit également à en appeler à cette miséricorde et à l’implorer dans cette phase difficile et critique de l’histoire de l’Eglise et du monde ». [10] Son enseignement demeure plus que jamais d’actualité et mérite d’être repris en cette Année Sainte. Recevons ses paroles de façon renouvelée : « L’Eglise vit d’une vie authentique lorsqu’elle professe et proclame la Miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la Miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice ». [11] 

[8] Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 24.

[9] n. 2.

[10] Jean-Paul II, Lett. Enc. Dives in misericordia, n. 15.

[11] Ibid., n. 2.  

Propositions de réflexions :

1. « L’Eglise vit d’une vie authentique lorsqu’elle professe et proclame la Miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la Miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice ». Cet extrait de la Bulle aborde une nouvelle dimension, celle de la place de l’Église. Il nous est présenté une Église à l’image de Christ Roi, c’est-à-dire, une Église au service des hommes et nourrie de pardon, de Miséricorde. Interrogeons-nous aujourd’hui sur notre manière de l’accueillir. Que pouvons-nous faire pour la rejoindre dans cet engagement de service ? Prenons aussi quelques minutes pour prier pour les prêtres, les religieux, les religieuses et les vocations, visages de cette mise au service du Christ et des hommes.

2. Dans ce paragraphe, le Pape relie directement dignité de l’homme, miséricorde et mystère du Christ. Cela nous invite à discerner, à méditer la notion de « conscience ». Accueillons sa parole en nous interrogeant sur ce qui peut nous aider à éclairer nos consciences.

3. Plus largement, nous sommes renvoyés dans cet extrait à la notion de « pouvoir » et de son exercice. Interrogeons-nous quelques instants sur les moyens qui sont placés entre nos mains pour exercer notre pouvoir d’agir au quotidien. Dans nos prises de décisions, dans nos rapports aux autres, dans l’exercice de nos formes de pouvoirs sommes-nous habités par l’esprit de miséricorde ?

12. « L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. L’Épouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne. De nos jours où l’Église est engagée dans la nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée. Il est déterminant pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde. Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père.

13. La vérité première de l’Église est l’amour du Christ. L’Église se fait servante et médiatrice de cet amour qui va jusqu’au pardon et au don de soi. En conséquence, là où l’Église est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde. Nous voulons vivre cette Année Jubilaire à la lumière de la parole du Seigneur : Miséricordieux comme le Père. L’évangéliste rapporte l’enseignement du Christ qui dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). C’est un programme de vie aussi exigeant que riche de joie et de paix. Le commandement de Jésus s’adresse à ceux qui écoutent sa voix (cf. Lc 6, 27). Pour être capable de miséricorde, il nous faut donc d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut retrouver la valeur du silence pour méditer la Parole qui nous est adressée. C’est ainsi qu’il est possible de contempler la miséricorde de Dieu et d’en faire notre style de vie. »  

Proposition de réflexions :

1. « Quiconque doit pouvoir trouver un oasis de miséricorde ». Cette image nous invite à rêver… Prenons quelques instants pour nous laisser accueillir par la grâce de la miséricorde. Mettons-nous à l’écoute de l’Esprit Saint pendant ce temps pascal pour tenter de percevoir comment vivre, annoncer et témoigner de la miséricorde.

2. La démarche jubilaire est brièvement résumée à travers ces deux paragraphes. Il s’agit de prendre le temps de l’écoute de la parole de Dieu, de la conversion personnelle, d’accomplir les œuvres de miséricorde et de participer à la nouvelle évangélisation. Prenons chacun quelques instants pour discerner. Où en sommes-nous de ce parcours ? Quelle progression puis-je vivre autour de ces quatre étapes ? Comment relier ces phases au temps ordinaire ? Comment le vivre sous le prisme de l’année liturgique ?

3. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36). La devise du Jubilé nous est maintenant bien connue. La lecture progressive de la Bulle y apporte l’éclairage du Pape et la portée de son enseignement. Les paraboles de la miséricorde l’ont illustrée et nous invitent à devenir signes vivants et manifestes de l’amour du Père. Me suis-je approprié cette devise ? Comment ce verset résonne-t-il en moi aujourd’hui ? Comment m’interpellait-il lors de l’ouverture de la Porte Sainte il y a quatre mois ? Quel déplacement s’est opéré en moi depuis-lors ?  

14. « Le pèlerinage est un signe particulier de l’Année Sainte : il est l’image du chemin que chacun parcourt au long de son existence. La vie est un pèlerinage, et l’être humain un viator, un pèlerin qui parcourt un chemin jusqu’au but désiré. Pour passer la Porte Sainte à Rome, et en tous lieux, chacun devra, selon ses forces, faire un pèlerinage. Ce sera le signe que la miséricorde est un but à atteindre, qui demande engagement et sacrifice. Que le pèlerinage stimule notre conversion : en passant la Porte Sainte, nous nous laisserons embrasser par la miséricorde de Dieu, et nous nous engagerons à être miséricordieux avec les autres comme le Père l’est avec nous.

Le Seigneur Jésus nous montre les étapes du pèlerinage à travers lequel nous pouvons atteindre ce but : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous » (Lc 6, 37-38). Il nous est dit, d’abord, de ne pas juger, et de ne pas condamner. Si l’on ne veut pas être exposé au jugement de Dieu, personne ne doit devenir juge de son frère. De fait, en jugeant, les hommes s’arrêtent à ce qui est superficiel, tandis que le Père regarde les cœurs. Que de mal les paroles ne font-elles pas lorsqu’elles sont animées par des sentiments de jalousie ou d’envie !

Mal parler du frère en son absence, c’est le mettre sous un faux jour, c’est compromettre sa réputation et l’abandonner aux ragots. Ne pas juger et ne pas condamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre prétention à tout savoir. Ceci n’est pas encore suffisant pour exprimer ce qu’est la miséricorde. Jésus demande aussi de pardonner et de donner, d’être instruments du pardon puisque nous l’avons déjà reçu de Dieu, d’être généreux à l’égard de tous en sachant que Dieu étend aussi sa bonté pour nous avec grande magnanimité.

Miséricordieux comme le Père, c’est donc la “devise” de l’Année Sainte. Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons. Il est beau que la prière quotidienne de l’Eglise commence avec ces paroles : « Mon Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours » (Ps 69, 2). L’aide que nous implorons est déjà le premier pas de la miséricorde de Dieu à notre égard. Il vient nous sauver de la condition de faiblesse dans laquelle nous vivons. Son aide consiste à rendre accessible sa présence et sa proximité. Touchés jour après jour par sa compassion, nous pouvons nous aussi devenir compatissants envers tous. »  

Proposition de réflexions :

1. De retour de notre pèlerinage paroissial, ce passage de la Bulle nous invite à la relecture de ce temps fort. Quels fruits pouvons-nous tirer de cette expérience de fraternité ? Comment avons-nous vécu cette expérience de rencontre avec le Christ ? Sous quels traits sa proximité s’est-elle manifestée ? Quelle expérience de la miséricorde avons-nous vécue pour nous-mêmes ? Avec autrui ?

2. « le pèlerinage stimule notre conversion ». De retour de Vézelay, prenons quelques instants pour identifier les différentes formes de prières vécues durant ce pèlerinage, avec laquelle sommes-nous le plus à l’aise ? En célébrant les Laudes ? La messe ? Les Vêpres ? Par le chant ? La louange ? La marche méditative ? Le recueillement en silence ? Par l’intercession de Marie ? Pour accompagner notre quotidien, n’hésitons pas à renouveler les formes de prière qui nous sont les plus familières.

3. Au fil de la lecture du livret du pèlerinage, des enseignements, des visites, des rencontres et des joies vécues, nous nous sommes laissés rejoindre par la miséricorde. C’est pour nous source de paix. Puissions-nous la laisser agir pour en devenir ses artisans.  

15. « Au cours de cette Année Sainte, nous pourrons faire l’expérience d’ouvrir le cœur à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a souvent créées de façon dramatique. Combien de situations de précarité et de souffrance n’existent-elles pas dans le monde d’aujourd’hui ! Combien de blessures ne sont-elles pas imprimées dans la chair de ceux qui n’ont plus de voix parce que leur cri s’est évanoui et s’est tu à cause de l’indifférence des peuples riches ! Au cours de ce Jubilé, l’Église sera encore davantage appelée à soigner ces blessures, à les soulager avec l’huile de la consolation, à les panser avec la miséricorde et à les soigner par la solidarité et l’attention. Ne tombons pas dans l’indifférence qui humilie, dans l’habitude qui anesthésie l’âme et empêche de découvrir la nouveauté, dans le cynisme destructeur. Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sœurs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre et qu’ensemble, nous puissions briser la barrière d’indifférence qui règne souvent en souveraine pour cacher l’hypocrisie et l’égoïsme.

J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Nous ne pouvons pas échapper aux paroles du Seigneur et c’est sur elles que nous serons jugés : aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt 25, 31-45). De même, il nous sera demandé si nous avons aidé à sortir du doute qui engendre la peur, et bien souvent la solitude; si nous avons été capable de vaincre l’ignorance dans laquelle vivent des millions de personnes, surtout des enfants privés de l’aide nécessaire pour être libérés de la pauvreté, si nous nous sommes faits proches de celui qui est seul et affligé; si nous avons pardonné à celui qui nous offense, si nous avons rejeté toute forme de rancœur et de haine qui porte à la violence, si nous avons été patients à l’image de Dieu qui est si patient envers nous; si enfin, nous avons confié au Seigneur, dans la prière nos frères et sœurs. C’est dans chacun de ces « plus petits » que le Christ est présent. Sa chair devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé, flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché et assisté avec soin. N’oublions pas les paroles de Saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ». [12]  

[12] Avis et Sentences spirituelles, § 56  

Proposition de réflexions :

Ce paragraphe de la Bulle nous invite à ne pas rester indifférents aux situations de fragilité qui nous entourent. Cette semaine, exerçons notre conscience à rester en éveil à travers l’esprit, l’action ou le cœur et à nous laisser appeler à une expérience de solidarité et d’attention.

1. Formons notre esprit en approfondissant l’Enseignement Social de l’Église. Dans Compendium de la doctrine sociale de l’Église, à l’initiative du conseil pontifical Justice et Paix de 2004, il nous est proposé de suivre quatre principes majeurs, à savoir : - La dignité de la personne humaine - Le bien commun - La subsidiarité - La solidarité.

Prenons quelques instants pour relire ce guide enraciné dans les Écritures et la tradition afin de nous approprier ce patrimoine et de fortifier notre conscience.

2. Laissons parler nos mains en profitant des 70 ans du Secours Catholique pour découvrir ou redécouvrir un projet associatif de fraternité, d’espérance, de solidarité, d’engagement.

3. Laissons-nous rejoindre dans le cœur en prenant quelques instants pour méditer un visage de miséricorde. La figure de saint Vincent de Paul semble tout indiquée pour déclencher en nous l’envie de « miseris cor dare ». 

16. Dans l’Évangile de Luc, nous trouvons un autre aspect important pour vivre avec foi ce Jubilé. L’évangéliste raconte qu’un jour de sabbat, Jésus retourna à Nazareth, et comme il avait l’habitude de le faire, il entra dans la synagogue. On l’appela pour lire l’Écriture et la commenter. C’était le passage du prophète Isaïe où il est écrit : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur (Is 61, 1-2). "Une année de bienfaits" : c'est ce que le Seigneur annonce et que nous voulons vivre. Que cette Année Sainte expose la richesse de la mission de Jésus qui résonne dans les paroles du Prophète : dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves dans les nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir car recroquevillé sur lui-même, redonner la dignité à ceux qui en sont privés. Que la prédication de Jésus soit de nouveau visible dans les réponses de foi que les chrétiens sont amenés à donner par leur témoignage. Que les paroles de l’Apôtre nous accompagnent : "celui qui pratique la miséricorde, qu'il ait le sourire" (Rm 12, 8).

Proposition de réflexions :

1. Cette année de jubilé de la Miséricorde nous est pleinement destinée. Elle nous invite à nous laisser accueillir par Jésus, que nous soyons marqués par le péché, la maladie ou le deuil. Nous pouvons relire cette semaine la prière du Jubilé et nous laisser rejoindre par la devise retenue par l’église Saint Gilles en tant qu’église jubilaire : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Corinthiens 5,20). Puissions-nous, au plus intime de nous-mêmes, nous sentir accueillis par l’amour du Père tels que nous sommes.

2. Ce passage de la Bulle fait référence à l’onction des malades. En effet, cette « année de bienfaits » dépasse la seule notion de péché. Elle vise également tous ceux qui sont victimes d’un mal extérieur, de la maladie, tous ceux qui traversent un deuil. Elle est l’appel à se laisser consoler et porter par Sa force au détour de nos chemins de fragilités. Cette semaine, en relisant ce passage du livre du prophète Isaïe, nous pourrions prier pour nos proches touchés par le deuil et la maladie pour les porter dans nos intentions. 

3. Nous pouvons aussi garder à l’esprit que le sacrement des malades est complémentaire à celui du pardon durant toute l’Année Sainte. Chacun peut demander à le recevoir, spécialement le vendredi de 17h à 19h avant la célébration de la messe de la Miséricorde. 

Prière du Pape pour le Jubilé de la Miséricorde

« Seigneur Jésus-Christ, toi qui nous as appris à être miséricordieux comme le Père céleste, et nous as dit que te voir, c'est Le voir, montre-nous ton visage, et nous serons sauvés.

Ton regard rempli d'amour a libéré Zachée et Matthieu de l'esclavage de l'argent, la femme adultère et Madeleine de la quête du bonheur à travers les seules créatures ; tu as fait pleurer Pierre après son reniement, et promis le paradis au larron repenti.

Fais que chacun de nous écoute cette parole dite à la Samaritaine comme s'adressant à nous : Si tu savais le don de Dieu !

Tu es le visage visible du Père invisible, du Dieu qui manifesta sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde : fais que l'Eglise soit, dans le monde, ton visage visible, toi son Seigneur ressuscité dans la gloire. 

Tu as voulu que tes serviteurs soient eux aussi habillés de faiblesse pour ressentir une vraie compassion à l'égard de ceux qui sont dans l'ignorance et l'erreur : fais que quiconque s'adresse à l'un d'eux se sente attendu, aimé, et pardonné par Dieu.

Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de son onction pour que le Jubilé de la Miséricorde soit une année de grâce du Seigneur, et qu'avec un enthousiasme renouvelé, ton Eglise annonce aux pauvres la bonne nouvelle, aux prisonniers et aux opprimés la liberté, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue.

Nous te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde, à toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen. »

Pour la période estivale, nous vous proposons de partir en vacances avec la prière du pape François comme guide pour nos médiations. Puissions-nous profiter de ce temps de ressourcement pour témoigner des grâces reçues durant cette année jubilaire et nous faire signes visibles de la miséricorde du Père autour de nous. 
Comme piste de réflexion, proposons-nous de nous laisser animer par le Père pour découvrir comment vivre cet été à l'aune de la miséricorde.

18. "Au cours du carême de cette Année Sainte, j’ai l’intention d’envoyer les Missionnaires de la Miséricorde. Ils seront le signe de la sollicitude maternelle de l’Église à l’égard du Peuple de Dieu, pour qu’il entre en profondeur dans la richesse de ce mystère aussi fondamental pour la foi. Ce seront des prêtres à qui j’aurai donné l’autorité pour pardonner aussi les péchés qui sont réservés au Siège Apostolique, afin de rendre explicite l’étendue de leur mandat. Ils seront surtout signe vivant de la façon dont le Père accueille ceux qui sont à la recherche de son pardon. Ils seront des missionnaires de la miséricorde car ils se feront auprès de tous l’instrument d’une rencontre riche en humanité, source de libération, lourde de responsabilité afin de dépasser les obstacles à la reprise de la vie nouvelle du Baptême. Dans leur mission, ils se laisseront guider par la parole de l’Apôtre : « Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde » (Rm 11, 32). De fait, tous, sans exclusion, sont invités à accueillir l’appel à la miséricorde. Que les missionnaires vivent cet appel en fixant le regard sur Jésus, Prêtre miséricordieux et digne de foi 17).

Je demande à mes frères évêques d’inviter et d’accueillir ces Missionnaires, pour qu’ils soient avant tout des prédicateurs convaincants de la miséricorde. Que soient organisées dans les diocèses des "missions vers le peuple", de sorte que ces Missionnaires soient les hérauts de la joie du pardon. Qu’ils célèbrent le sacrement de la Réconciliation pour le peuple, pour que le temps de grâce de l’Année Jubilaire permette à de nombreux fils éloignés de retrouver le chemin de la maison paternelle. Que les pasteurs, spécialement pendant le temps fort du Carême, soient invités à appeler les fidèles à s’approcher « vers le Trôle de ta grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir la grâce de son secours » (He 4, 16)."

Proposition de réflexions :

1. Au retour des vacances, ce paragraphe de la Bulle nous accueille dans un nouvel élan. Quel qu'ait été notre été, l'esprit jubilaire nous attend au retour. Ces quelques lignes nous appellent à revenir à l'essentiel : nous approcher "vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir la grâce de son secours" (He 4, 16). Prenons quelques minutes pour relire ce temps estival sous le regard de Dieu. Laissons-nous accueillir, tels que nous sommes, en nous sachant aimés (voir Mc 1, 11).

2. Le carême est longuement abordé dans cet extrait. Celuici est avant tout un temps privilégié de conversion personnelle. Si nous ne traversons pas actuellement cette période du calendrier liturgique, osons vivre pleinement le carême en septembre en replaçant la foi au cœur de notre vie. Dès le vendredi 2 septembre, sentons-nous tous appelés à recevoir le sacrement de pardon de 17h à 19h et à participer à la messe de la Miséricorde à 19h.

3. Prions spécialement pour les Missionnaires de la Miséricorde, notre Evêque, nos prêtres et diacres en ce début d'année scolaire, afin de les soutenir dans leur ministère et leur vocation. 

19.  « Que puisse parvenir à tous la parole de pardon et que l’invitation à faire l’expérience de la miséricorde ne laisse personne indifférent ! Mon appel à la conversion s’adresse avec plus d’insistance à ceux qui se trouvent éloignés de la grâce de Dieu en raison de leur conduite de vie. Je pense en particulier aux hommes et aux femmes qui font partie d’une organisation criminelle quelle qu’elle soit. Pour votre bien, je vous demande de changer de vie. Je vous le demande au nom du Fils de Dieu qui, combattant le péché, n’a jamais rejeté aucun pécheur. Ne tombez pas dans le terrible piège qui consiste à croire que la vie ne dépend que de l’argent, et qu’à côté, le reste n’aurait ni valeur, ni dignité. Ce n’est qu’une illusion. Nous n’emportons pas notre argent dans l’au-delà. L’argent ne donne pas le vrai bonheur. La violence pour amasser de l’argent qui fait couler le sang ne rend ni puissant, ni immortel. Tôt ou tard, le jugement de Dieu viendra, auquel nul ne pourra échapper.

Le même appel s’adresse aux personnes fautives ou complices de corruption. Cette plaie puante de la société est un péché grave qui crie vers le ciel, car il mine jusqu’au fondement de la vie personnelle et sociale. La corruption empêche de regarder l’avenir avec espérance, parce que son arrogance et son avidité anéantissent les projets des faibles et chassent les plus pauvres. C’est un mal qui prend racine dans les gestes quotidiens pour s’étendre jusqu’aux scandales publics. La corruption est un acharnement dans le péché qui entend substituer à Dieu l’illusion de l’argent comme forme de pouvoir. C’est une œuvre des ténèbres, qui s’appuie sur la suspicion et l’intrigue. Corruptio optimi pessima, disait avec raison saint Grégoire le Grand, pour montrer que personne n’est exempt de cette tentation. Pour la vaincre dans la vie individuelle et sociale, il faut de la prudence, de la vigilance, de la loyauté, de la transparence, le tout en lien avec le courage de la dénonciation. Si elle n’est pas combattue ouvertement, tôt ou tard on s’en rend complice et elle détruit l’existence.

Voici le moment favorable pour changer de vie ! Voici le temps de se laisser toucher au cœur. Face au mal commis, et même aux crimes graves, voici le moment d’écouter pleurer les innocents dépouillés de leurs biens, de leur dignité, de leur affection, de leur vie même. Rester sur le chemin du mal n’est que source d’illusion et de tristesse. La vraie vie est bien autre chose. Dieu ne se lasse pas de tendre la main. Il est toujours prêt à écouter, et moi aussi je le suis, comme mes frères évêques et prêtres. Il suffit d’accueillir l’appel à la conversion et de se soumettre à la justice, tandis que l’Église offre la miséricorde ».  

Proposition de réflexions

1. Le Pape nous propose de réfléchir sur deux points cette semaine : la conversion et le Mal. Il soulève ce questionnement sans pourtant nous laisser seuls pour articuler ces deux notions. En effet, il nous propose de nous appuyer sur la Miséricorde de Dieu pour nous aider concrètement dans nos choix de vie. Ce paragraphe de la Bulle écrit en 2015 parle avec lucidité des tensions qui animent notre monde, il n’est pas pour autant fataliste. Il nous enjoint à persévérer pour construire notre monde en artisans de paix guidés par la foi, l’espérance et la charité. Prenons quelques minutes pour méditer cet appel et tenter d’y répondre.

2. Pour nous aider à traduire cet appel dans nos vies, nous pouvons nous appuyer sur un visage de miséricorde familier. Pensons particulièrement à Sainte Mère Teresa, qui fut canonisée le 4 septembre dernier, ou encore, à Saint Vincent de Paul, dont la figure n’a de cesse de nous éclairer.

3. Prions aussi cette semaine, pour les personnes victimes de violences et leurs persécuteurs afin de les confier à la Miséricorde divine sur un chemin de justice, de réconciliation et de paix. 

20. « Dans ce contexte, il n’est pas inutile de rappeler le rapport entre justice et miséricorde. Il ne s’agit pas de deux aspects contradictoires, mais de deux dimensions d’une unique réalité qui se développe progressivement jusqu’à atteindre son sommet dans la plénitude de l’amour. La justice est un concept fondamental pour la société civile, quand la référence normale est l’ordre juridique à travers lequel la loi s’applique. La justice veut que chacun reçoive ce qui lui est dû. Il est fait référence de nombreuses fois dans la Bible à la justice divine et à Dieu comme juge. On entend par là l’observance intégrale de la Loi et le comportement de tout bon israélite conformément aux commandements de Dieu. Cette vision est cependant souvent tombée dans le légalisme, déformant ainsi le sens originel et obscurcissant le sens profond de la justice. Pour dépasser cette perspective légaliste, il faut se rappeler que dans l’Ecriture, la justice est essentiellement conçue comme un abandon confiant à la volonté de Dieu. Pour sa part, Jésus s’exprime plus souvent sur l’importance de la foi que sur l’observance de la loi. C’est en ce sens qu’il nous faut comprendre ses paroles, lorsqu’à table avec Matthieu et d’autres publicains et pécheurs, il dit aux pharisiens qui le critiquent : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mt 9, 13). En face d’une vision de la justice comme simple observance de la loi qui divise entre justes et pécheurs, Jésus indique le grand don de la miséricorde qui va à la recherche des pécheurs pour leur offrir le pardon et le salut. On comprend alors pourquoi Jésus fut rejeté par les pharisiens et les docteurs de la loi, à cause de sa vision libératrice et source de renouveau. Pour être fidèles à la loi, ils posaient des poids sur les épaules des gens, rendant vaine la miséricorde du Père. Le respect de la loi ne peut faire obstacle aux exigences de la dignité humaine. 

L’évocation que fait Jésus du prophète Osée – « Je veux la fidélité, non le sacrifice » (6, 6) – est très significative. Jésus affirme que la règle de vie de ses disciples devra désormais intégrer le primat de la miséricorde, comme Lui-même en a témoigné, partageant son repas avec les pécheurs. La miséricorde se révèle une nouvelle fois comme une dimension fondamentale de la mission de Jésus. Elle est un véritable défi face à ses interlocuteurs qui s’arrêtaient au respect formel de la loi. Jésus au contraire, va au-delà de la loi; son partage avec ceux que la loi considérait comme pécheurs fait comprendre jusqu’où va sa miséricorde. L’apôtre Paul a parcouru un chemin similaire. Avant de rencontrer le Christ sur le chemin de Damas, il consacrait sa vie à observer de manière irréprochable la justice de la loi (cf. Ph 3, 6). La conversion au Christ l’amena à changer complètement de regard, au point qu’il affirme dans la Lettre aux Galates : « Nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus pour devenir des justes par la foi au Christ, et non par la pratique de la Loi » (2, 16). Sa compréhension de la justice change radicalement. Paul situe désormais en premier la foi, et non plus la loi. Ce n’est pas l’observance de la loi qui sauve, mais la foi en Jésus-Christ, qui par sa mort et sa résurrection, nous a donné la miséricorde qui justifie. La justice de Dieu devient désormais libération pour ceux qui sont esclaves du péché et de toutes ses conséquences. La justice de Dieu est son pardon (cf. Ps 50, 11-16). »  

Proposition de réflexions :

1. Ce passage de la Bulle nous invite à nous poser une question : « Qui est Jésus ? ». Quelle trajectoire de Salut nous révèle-t-il ? A travers ces correspondances entre les différents sens du mot « justice », le Pape nous enseigne ce qui fait l’identité du Christ : Jésus est miséricorde. Rappelons-nous cette parole formulée dans l’Évangile de Matthieu : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Le Christ donne à connaître l'unité du Peuple de ceux qui vivent en unité avec lui. Il réalise la réconciliation et cela, sans nous séparer de la Loi ou des lois de ce monde. Au contraire, il nous invite à vivre notre relation à Dieu de manière renouvelée pour grandir en amour et en humanité. Prenons quelques minutes pour réfléchir à ce que le Christ nous invite à tenir ensemble : « justice et miséricorde » et nous laisser habiter par sa présence.

2. Ce glissement du primat de la justice à celui de la foi nous offre une Bonne Nouvelle. Le Christ, à la lumière de la Résurrection, est celui qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance et vient sauver les Hommes. Les liens soulignés dans ce paragraphe de la Bulle entre Ancien et Nouveau Testament peuvent être complétés par d’autres. Nous pourrions citer pour exemple l’épisode de Zachée (Lc 19, 1-10) et le livre d’Ézéchiel (Ez 34). Prenons quelques minutes pour les méditer et nous nourrir de la richesse de ce que la Parole de Dieu nous enseigne.

3. Enfin, que cet extrait nous apprend-t-il de notre propre relation à Dieu ? Où en suis-je ce lien personnel que j’entretiens avec le Père ? Comment puis-je m’ajuster à lui pour réaffirmer cet amour qui m’unit à lui ? Quelle conversion s’offre à moi aujourd’hui ?  

21. "La miséricorde n’est pas contraire à la justice, mais illustre le comportement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle possibilité de se repentir, de se convertir et de croire. Ce qu’a vécu le prophète Osée nous aide à voir le dépassement de la justice par la miséricorde. L’époque de ce prophète est parmi les plus dramatiques de l’histoire du peuple hébreu. Le Royaume est près d’être détruit ; le peuple n’est pas demeuré fidèle à l’alliance, il s’est éloigné de Dieu et a perdu la foi des Pères. Suivant une logique humaine, il est juste que Dieu pense à rejeter le peuple infidèle : il n’a pas été fidèle au pacte, et il mérite donc la peine prévue, c’est-à-dire l’exil. Les paroles du prophète l’attestent : « Il ne retournera pas au pays d’Égypte ; Assour deviendra son roi, car ils ont refusé de revenir à moi » (Os 11, 5). Cependant, après cette réaction qui se réclame de la justice, le prophète change radicalement son langage et révèle le vrai visage de Dieu : « Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car moi, je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint, et je ne viens pas pour exterminer » (11,8-9). Commentant les paroles du prophète, saint Augustin écrit : « Il est plus facile pour Dieu de retenir la colère plutôt que la miséricorde » (Enarr. in Ps. 76, 11). C’est exactement ainsi. La colère de Dieu ne dure qu’un instant, et sa miséricorde est éternelle.

Si Dieu s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu ; il serait comme tous les hommes qui invoquent le respect de la loi. La justice seule ne suffit pas et l’expérience montre que faire uniquement appel à elle risque de l’anéantir. C’est ainsi que Dieu va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon. Cela ne signifie pas dévaluer la justice ou la rendre superflue, au contraire. Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la conversion, en faisant l’expérience de la tendresse du pardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans un événement plus grand dans lequel on fait l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice. Il nous faut prêter grande attention à ce qu’écrit Paul pour ne pas faire la même erreur que l’Apôtre reproche à ses contemporains juifs : « En ne reconnaissant pas la justice qui vient de Dieu, et en cherchant à instaurer leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. Car l’aboutissement de la Loi, c’est le Christ, afin que soit donnée la justice à toute personne qui croit » (Rm 10, 3- 4). Cette justice de Dieu est la miséricorde accordée à tous comme une grâce venant de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. La Croix du Christ est donc le jugement de Dieu sur chacun de nous et sur le monde, puisqu’elle nous donne la certitude de l’amour et de la vie nouvelle."

Propositions de réflexions :

1. Cet extrait de la Bulle recentre notre regard sur les correspondances entre Ancien et Nouveau Testament. L'un et l'autre font partie des Écritures et sont indissociables pour comprendre la notion d'Alliance qui unit Dieu à l'humanité. Prenons le temps de lire et nous approprier cet enseignement du Pape pour mieux comprendre ce que les Écritures nous dévoilent du Père.

2. La figure du prophète Osée nous invite à lire cette relation d'Alliance sous l'angle de l'amour, celui de l'époux envers sa femme, mais aussi de Dieu envers son peuple malgré ses égarements. Justice et miséricorde prennent ainsi sens en tant que le Père se manifeste à nous dans un éternel élan d'amour. Le récit du prophète annonce le renouveau par delà le châtiment, la figure de Jésus, Christ, vient accomplir cette promesse et nous confirmer "la certitude de l'amour et de la vie nouvelle". Laissons-nous travailler par ce qu'Osée et Jésus nous témoignent de l'action de Dieu en relisant sa Parole.

3. Prenons le temps de formuler une intention de prière pour les couples que nous connaissons afin de les soutenir dans leur sacrement d'alliance quelles que soient les joies et les difficultés qu'ils peuvent trouver sur ce chemin.  

22-23. « Le jubilé amène la réflexion sur l’indulgence. Elle revêt une importance particulière au cours de cette Année Sainte. Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, Dieu rend manifeste cet amour qui va jusqu’à détruire le péché des hommes. Il est possible de se laisser réconcilier avec Dieu à travers le mystère pascal et la médiation de l’Église. Dieu est toujours prêt au pardon et ne se lasse jamais de l’offrir de façon toujours nouvelle et inattendue. Nous faisons tous l’expérience du péché. Nous sommes conscients d’être appelés à la perfection (cf. Mt 5, 48), mais nous ressentons fortement le poids du péché. Quand nous percevons la puissance de la grâce qui nous transforme, nous faisons l’expérience de la force du péché qui nous conditionne. Malgré le pardon, notre vie est marquée par les contradictions qui sont la conséquence de nos péchés. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu pardonne les péchés, et ils sont réellement effacés, cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées. La miséricorde de Dieu est cependant plus forte que ceci. Elle devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Épouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché, lui donnant d’agir avec charité, de grandir dans l’amour plutôt que de retomber dans le péché.

L’Église vit la communion des saints. Dans l’eucharistie, cette communion, qui est don de Dieu, est rendue présente comme une union spirituelle qui lie les croyants avec les Saints et les Bienheureux dont le nombre est incalculable (cf. Ap 7,4). Leur sainteté vient au secours de notre fragilité, et la Mère Église est ainsi capable, par sa prière et sa vie, d’aller à la rencontre de la faiblesse des uns avec la sainteté des autres. Vivre l’indulgence de l’Année Sainte, c’est s’approcher de la miséricorde du Père, avec la certitude que son pardon s’étend à toute la vie des croyants. L’indulgence, c’est l’expérience de la sainteté de l’Église qui donne à tous de prendre part au bénéfice de la rédemption du Christ, en faisant en sorte que le pardon parvienne jusqu’aux extrêmes conséquences que rejoint l’amour de Dieu. Vivons intensément le Jubilé, en demandant au Père le pardon des péchés et l’étendue de son indulgence miséricordieuse.

La valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Église. Elle est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu. Israël a d’abord reçu cette révélation qui demeure dans l’histoire comme le point de départ d’une richesse incommensurable à offrir à toute l’humanité. Nous l’avons vu, les pages de l’Ancien Testament sont imprégnées de miséricorde, puisqu’elles racontent les œuvres accomplies par le Seigneur en faveur de son peuple dans les moments les plus difficiles de son histoire. L’Islam de son côté, attribue au Créateur les qualificatifs de Miséricordieux et Clément. On retrouve souvent ces invocations sur les lèvres des musulmans qui se sentent accompagnés et soutenus par la miséricorde dans leur faiblesse quotidienne. Eux aussi croient que nul ne peut limiter la miséricorde divine car ses portes sont toujours ouvertes.

Que cette Année Jubilaire, vécue dans la miséricorde, favorise la rencontre avec ces religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination. »  

Proposition de réflexions :

1. Cette semaine, je vous propose de lire la Bulle dans la prière. Le Pape développe ici deux aspects importants et nous invite à les méditer afin de devenir des signes manifestes de l’action de Dieu auprès des hommes. Prenons le temps de nous laisser rejoindre par son enseignement.

2.La notion d’Indulgence est complexe et a été largement développée cette année. Pour nous aider à l’approfondir, nous pouvons lire l’article de Bernard Sesboué dans Études 1983/7 (Tome 359) : Les indulgences. Problèmes œcuménique à nouveau posé ? Études : revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus

3.La question du dialogue interreligieux est d’une actualité brûlante. Puissions-nous, à travers ces quelques mots du pape François, nous laisser encourager au dialogue et demeurer artisans de paix pour favoriser la rencontre.  

24-25. « Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du Crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.

Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avec son Fils Jésus. Son chant de louange, au seuil de la maison d’Élisabeth, fut consacré à la miséricorde qui s’étend « d’âge en âge » (Lc 1, 50). Nous étions nous aussi présents dans ces paroles prophétiques de la Vierge Marie, et ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchirons la Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine.

Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Adressons lui l’antique et toujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus.

Que notre prière s’étende aussi à tant de Saints et de Bienheureux qui ont fait de la miséricorde la mission de leur vie. Cette pensée s’adresse en particulier à la grande apôtre de la miséricorde, Sainte Faustine Kowalska. Elle qui fut appelée à entrer dans les profondeurs de la miséricorde divine, qu’elle intercède pour nous et nous obtienne de vivre et de cheminer toujours dans le pardon de Dieu et dans l’inébranlable confiance en son amour.

Une Année Sainte extraordinaire pour vivre dans la vie de chaque jour la miséricorde que le Père répand sur nous depuis toujours. Au cours de ce Jubilé, laissons-nous surprendre par Dieu. Il ne se lasse jamais d’ouvrir la porte de son cœur pour répéter qu’il nous aime et qu’il veut partager sa vie avec nous. 

L’Église ressent fortement l’urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu. La vie de l’Église est authentique et crédible lorsque la miséricorde est l’objet d’une annonce convaincante. Elle sait que sa mission première, surtout à notre époque toute remplie de grandes espérances et de fortes contradictions, est de faire entrer tout un chacun dans le grand mystère de la miséricorde de Dieu, en contemplant le visage du Christ. L’Église est d’abord appelée à être témoin véridique de la miséricorde, en la professant et en la vivant comme le centre de la Révélation de Jésus-Christ. Du cœur de la Trinité, du plus profond du mystère de Dieu, jaillit et coule sans cesse le grand fleuve de la miséricorde. Cette source ne sera jamais épuisée pour tous ceux qui s’en approcheront. Chaque fois qu’on en aura besoin, on pourra y accéder, parce que la miséricorde de Dieu est sans fin. Autant la profondeur du mystère renfermé est insondable, autant la richesse qui en découle est inépuisable.

Qu’en cette Année Jubilaire l’Église fasse écho à la Parole de Dieu qui résonne, forte et convaincante, comme une parole et un geste de pardon, de soutien, d’aide, d’amour. Qu’elle ne se lasse jamais d’offrir la miséricorde et soit toujours patiente pour encourager et pardonner. Que l’Église se fasse la voix de tout homme et de toute femme, et répète avec confiance et sans relâche : « Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours » (Ps 25, 6). »

Donné à Rome, près de Saint Pierre, le 11 avril Veille du IIe Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde, de l’An du Seigneur 2015, le troisième de mon pontificat.

Franciscus 

Proposition de réflexions :

1.Pour accompagner la parole du Pape, je vous propose de commencer par prier le Magnificat. En confiance, sous le regard de Marie, prenons un temps pour nous-mêmes. Quel a été l’écho dans notre vie de l’année du jubilé de la Miséricorde ? Quelle grâce nous a rejoints au cœur ? Quel déplacement s’est opéré dans notre vie spirituelle ? Comment Dieu nous a-t-il révélé son visage de tendresse ? Confions-lui également nos fragilités pour que la Mère de la Miséricorde continue de nous accompagner en chemin.

2.Le jubilé touche à sa fin et pourtant… Ce dernier paragraphe de la Bulle nous invite à laisser résonner la Parole de Dieu : « « Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours » (Ps 25,6) ». Cette année extraordinaire a eu pour vocation de nous ramener à l’essentiel : nous sommes aimés. Si elle a été l’occasion de rites et d’événements, ceux-là n’ont eu de cesse de nous rapprocher de Dieu, de notre prochain, de nos frères, de nous-mêmes. La clôture de l’année jubilaire n’est donc pas une fin en soi, mais une invitation à poursuivre ces rapprochements simplement, avec le cœur et renouvelés par la présence habitée de notre Père. Puissions-nous, même après la clôture de l’année jubilaire, continuer à être qui nous sommes.

3.Enfin, le jubilé a été l’occasion de rencontres, de conférences, de veillées, de pèlerinages… je souhaite par ces derniers mots exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont participés à servir cet esprit et les confier à nos prières. Je tiens aussi à vous remercier, en tant que lecteurs, pour vos retours chaleureux au cours de l’année.